Bolkestein - syndicats

Publié le par France Républicaine

Par Rebecca FRASQUET

BRUXELLES, 17 mars 2005 (AFP) - Au moins 50 000 manifestants, en provenance de Belgique, de France et d'Allemagne notamment, sont attendus samedi à Bruxelles à l'appel de la la Confédération européenne des syndicats (CES) pour dire "Non à la directive Bolkestein!", qu'ils surnomment "directive Frankenstein".

La CES s'attend à la participation de quelque 20 000 Belges, 20 000 Français, 8 000 Allemands et 5 000 Néerlandais, ainsi que d'autres contingents européens, mais se comptant "plus par centaines que par milliers".

Les syndicats veulent hausser le ton avant le prochain sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, les 22 et 23 mars à Bruxelles, qui fixera le cap pour la stratégie de Lisbonne visant à dynamiser la croissance en Europe dans les dix ans à venir.

Leur institution auprès de l'Union, la CES, qui souhaite voir l'emploi et la "protection des droits sociaux fondamentaux" affirmés comme une "priorité" dans les politiques futures de l'Union européenne, s'oppose en outre à "toute nouvelle dérégulation" du marché du travail.

Mais son principal cheval de bataille est le retrait du projet de directive "Bolkestein" sur la libéralisation des services dans l'UE . Le texte, rebaptisé "Frankenstein" par ses détracteurs, est considéré par nombre de syndicats comme une machine de guerre contre les acquis sociaux.

Ils craignent qu'en permettant aux entreprises de l'Union européenne implantées dans un autre Etat de l'UE que le leur d'appliquer le droit de leur pays d'origine, une telle directive n'alimente les pratiques de dumping social.

Pour le secrétaire général de la CES, le Britannique John Monks, cette directive ne "peut pas se réaliser aux dépens des dispositions du droit du travail et de la législation sociale".

La CES réclame en outre une "réforme flexible" du pacte de stabilité, qui lie les politiques budgétaires des pays de l'UE , et davantage de crédits pour la formation, la recherche et l'innovation.

Les principaux syndicats français seront représentés à cette manifestation, à l'exception de Force ouvrière, qui s'est décommandée après avoir découvert, sur le site internet de la CES, un appel à soutenir la Constitution européenne.

Celui-ci a d'ailleurs rapidement disparu du site, après des protestations syndicales. Pour FO par exemple, qui avait voté contre le traité au sein du comité exécutif de la CES en octobre, "un tel appel s'apparente à une pétition qui avait pourtant été repoussée par un comité exécutif".

A la suite de cet incident, M. Monks a écrit à toutes les organisations syndicales pour les "rassurer" sur les objectifs de la manifestation.

Car si la CES soutient ouvertement le traité, il n'en va pas de même de tous ses membres, dont certains sont "trop heureux de ne pas avoir à se prononcer sur le sujet quand ils n'ont pas de référendum" prévu dans leur pays, car leur "base est souvent divisée", juge un syndicaliste français.

Ces divisions pourraient donner lieu à une certaine cacophonie dans le cortège qui s'ébranlera à partir de 14H00 de la gare du Midi. Les "pro"-traité comme la CFDT française, l'espagnole CCOO, la danoise LO, ou le DGB allemand, vont côtoyer les "anti", tels que la CGT ou la CGTP (Portugal) et les indécis comme le TUC britannique.

En outre, deux autres manifestations doivent se dérouler simultanément : la "marche des jeunes pour l'emploi" organisée par le syndicat belge FGTB, et celle des ONG et des mouvements sociaux du Forum social européen, qui milite pour une "autre Europe, sociale, solidaire, égalitaire et pacifique", attirant une foule d'"anti" traité européen.

Si ces deux manifestations emprunteront bien le même circuit, elles ne devraient toutefois pas se mêler au cortège des syndicats, selon la CES. Les "Jeunes" devraient partir en tête, puis les syndicats, à 14H00, et enfin le Forum social.

 

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