Le Figaro

PARIS, 4 mai 2005 (AFP) - La direction du Figaro (Dassault) a retiré vendredi un appel à voter oui au référendum sur la Constitution européenne qu'elle avait souhaité voir relayer par ses journalistes avant d'être désapprouvé par les syndicats F0 et SNJ-Figaro ainsi que par la Société des rédacteurs, a-t-on appris de sources concordantes.

Interrogé par l'AFP, le directeur de la rédaction du Figaro, Nicolas Beytout a indiqué qu'il renoncait à ce projet et l'avait annoncé "vendredi matin en conférence de rédaction". "Puisque les gens ont trouvé que c'était une menace sur la démocratie, basta", a-t-il lancé. "Je le regrette car je pense que c'était un bon coup journalistique".

Une Assemblée générale de la rédaction avait été convoquée par la Société des Rédacteurs du Figaro. Interrogée par l'AFP, elle "prend acte du renoncement de la direction de la rédaction à cette manoeuvre", et "déplore d'avoir dû déclencher une AG pour pouvoir avoir quelques explications de la direction de la rédaction qu'elle avait pourtant mis en garde contre cette stratégie aberrante et qui contredit les principes du journalisme".

Egalement interrogé, le SNJ "se félicite de ce que Nicolas Beytout ait entendu l'émotion de la rédaction suscitée par cette pétition".

De son côté, FO estime qu'"il y a bon directeur de la rédaction quand il recule vite et qui a compris que l'indépendance de la rédaction a un prix, dont il est garant".

Apprenant que la direction du Figaro souhaitait que les journalistes fassent signer par leurs contacts professionnels un appel à voter oui au référendum, FO avait estimé jeudi que cette direction "veut transformer ses journalistes en +rabatteurs+ de signatures pour le référendum". Le SNJ-Figaro s'était lui étonné "qu'on puisse utiliser les journalistes d'une rédaction comme des agents d'une campagne électorale".

Pour M. Beytout, il n'avait "jamais été question de rabattre des signatures".