PS - Fabius

Publié le par France Républicaine

Par Thierry MASURE

PARIS, 4 mai 2005 (AFP) - Laurent Fabius, numéro 2 du Parti socialiste, rompt avec la réserve qu'il observait jusqu'ici dans le débat européen pour s'engager à fond dans la bataille pour une autre Europe que celle du traité constitutionnel soumis à référendum le 29 mai.

Assez discret après son échec lors de la consultation interne qui avait vu une large victoire du oui (59% des militants), l'ancien Premier ministre fait un retour en force, après deux semaines passées aux Etats-Unis à donner des conférences sur l'Europe.

La journée de mercredi en a fourni l'illustration : interview sur Europe 1 le matin, sur France Inter le midi, sur FR3 trois heures plus tard. Il signe une longue tribune dans Le Nouvel Observateur à paraître jeudi et accorde un entretien à l'hebdomadaire protestant La Réforme.

A la différence des autres dirigeants socialistes du non, Laurent Fabius ne tient toutefois aucun meeting ni n'édite de matériel de campagne, pour ne pas braver le parti.

Il prévoit deux déplacements par semaine dans les régions françaises d'ici le 29 mai. M. Fabius a commencé dès lundi par les Bouches-du-Rhône pour devenir aussitôt la cible des partisans du oui : le premier secrétaire François Hollande a critiqué ses "simplifications et caricatures", Nicolas Sarkozy l'a accusé de confondre "la grande idée de l'Europe avec la petite histoire du PS".

Jusqu'à Jacques Chirac déclarant mardi qu'"on ne peut pas dire +Je suis européen et je vote non+". "Le chef du oui ment avec un aplomb incroyable", a répliqué le dirigeant socialiste.

Finies les précautions oratoires à la prise de parole, comme début avril encore lorsque, au siège de la CFE-CGC, Laurent Fabius commençait par rappeler que "la position officielle du PS, c'est le oui" et promettait de la "mesure" ("Ce n'est pas +Allez les Verts!+ ou +Allez les Bleus!+").

"Il a décidé de jouer son va-tout", affirme un député de province proche de lui.

Selon un de ses proches, les accusations de déloyauté et de mensonges -"Ils vous mentent!", lançait Jacques Delors à la une du Nouvel Observateur la semaine dernière - ont convaincu l'ancien Premier ministre qu'il n'avait rien à gagner à rester "sur la ligne de crête", selon la formule de son homme de confiance Claude Bartolone. De même que la sortie fracassante de Lionel Jospin, vilipendant, pour le centenaire du parti, ceux qui "tiennent pour rien le vote des militants et s'affranchissent des règles communes".

"On ne peut pas être traités comme nous l'avons été au moment du centenaire et se taire. Autant que l'explication ait lieu jusqu'au bout", commente M. Bartolone.

Le ton, le style de Laurent Fabius sont plus combatifs que jamais. Illustration devant quelques centaines d'étudiants dans un amphithéâtre à Aix-en-Provence, lundi : "Je ne suis pas d'accord sur les politiques contenues dans la partie III, je ne suis pas d'accord sur l'irréversibilité du traité, je ne suis pas d'accord sur le fait qu'on ne puisse pas faire des coopérations renforcées. Et donc, je le dis!", s'exclame l'orateur, finalement très applaudi par une salle hostile au départ.

"Historiquement, je suis sûr d'avoir raison", confie M. Fabius. Partisan d'une "opposition frontale" au pouvoir en place, l'ancien Premier ministre ne veut pas non plus "ne pas donner le sentiment que lui et ses amis ne sont pas les premiers opposants à Jacques Chirac", explique Claude Bartolone.

 

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