Forum Social Européen

Publié le par France Républicaine

Par Dorothée MOISAN

BRUXELLES, 19 mars 2005 (AFP) - Le Forum social européen a défilé samedi à Bruxelles en marge des syndicats pour une "Europe sociale" et "contre le néo-libéralisme", mais le véritable mot d'ordre dans les rangs altermondialistes était bien plus le "non" à la Constitution européenne.

Les membres d'Attac, aux drapeaux rouges et blancs, représentent le plus gros contingent. Une kyrielle d'organisations humanitaires, de mouvements pour la paix, des partis politiques (PCF, LCR, gauche européenne) ou encore de syndicats complète le tableau.

Les milliers d'altermondialistes réclament le retrait immédiat de la "directive Bolkestein" sur la libéralisation des services dans l'UE , "véritable machine à laminer les acquis sociaux, les salaires et les services publics", selon Francis Wurtz, chef de file des élus communistes au Parlement européen.

A l'inverse de la Confédération européenne des syndicats (CES) pourtant, banderoles et slogans à l'appui, une majorité d'entre eux affirment sans ambages leur opposition au Traité constitutionnel européen.

"Je suis là pour les deux", explique Rainer, un Allemand de 60 ans venu de Hambourg. La directive Services, pour lui, est comme "un gros coup de marteau sur les questions sociales".

Quant au projet de traité européen, "bien plus qu'à une Constitution , il ressemble à un programme de parti, celui des néo-libéraux", estime-t-il. C'est sa première manifestation contre la Constitution , mais il sait déjà que ce ne sera "pas la dernière".

"Il est tout à fait cohérent de lutter simultanément pour le retrait de la directive et le non à la Constitution ", renchérit M. Wurtz, car le texte "n'est pas l'oeuvre d'un commissaire illuminé, ultralibéral, du nom de Bolkestein, mais elle a bien été adoptée à l'unanimité par l'ancienne Commission".

Selon lui, cette directive "est un puissant révélateur de ce qui nous attend si on ne change pas le projet de traité européen".

Pour le président d'Attac France, Jacques Nikonoff, la directive Bolkestein est tout bonnement "un condensé chimique pur du mode de construction européenne. Elle est symbolique de la méthode néo-libérale".

"Depuis dix ans, la construction européenne ne fait que s'aligner sur la logique de l'OMC, du FMI et de la Banque mondiale", acquiesce José Bové.

Venu s'adresser aux manifestants "en tant que paysan", la figure charismatique du mouvement altermondialiste avertit que "ce qu'on va vivre avec les services, c'est ce qu'on a déjà vécu avec l'agriculture", quand l'Espagne et le Portugal sont entrés dans l'Europe et ont "détruit les productions de légumes du sud-ouest et du sud-est de la France", à coup de dumping social, "l'Europe ayant refusé de mettre en place une organisation commune de marché".

Pour éviter une telle "destruction du droit du travail", la directive "doit être retirée et pas seulement laissée au frigidaire le temps de laisser filer le référendum en France", souligne M. Nikonoff.

"Nous attendons des chefs de gouvernement européens qu'ils la rejettent définitivement" lors de leur sommet de mardi et mercredi, dit-il. "Ils ont une responsabilité et notamment le gouvernement français qui fait semblant en France d'être contre la directive".

Mais la lutte pour le retrait de la directive n'est "qu'une pierre dans le combat", a prévenu José Bové, appelant à une mobilisation sans faille et à voter non au référendum français du 29 mai car, a-t-il assuré, "nous avons aujourd'hui l'opportunité que notre bulletin de vote mette en échec le projet de traité constitutionnel".

 

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