PS - Fabius

Publié le par France Républicaine

par Nathalie Schuck

PARIS, 12 avr 2005 (AP) - "Parfois, dans la vie, il arrive qu'on aille à contre-courant": en terrain a priori conquis, l'ancien ministre de l'Economie Laurent Fabius, souvent critiqué pour ses positions "social-libérales", a eu bien du mal mardi soir à convaincre des chefs d'entreprises membres de l'association "CroissancePlus", et partisans du "oui", des lacunes et dangers du Traité européen.

Trop "technique": guère convaincus par l'exposé du numéro deux du PS en faveur du "non" à la Constitution européenne, les quelque 80 chefs d'entreprises venus assister au débat l'ont poliment, mais sans ménagement, renvoyé dans les cordes. Président de l'association, Charles Beigbeder avait donné le ton en introduction en déplorant "le rassemblement de mécontents et de conservateurs qui s'agrège autour du 'non'" et "donne une figure alarmante d'une France qui a peur et se replie sur elle-même". "Cette France n'offre pas le visage du courage", a-t-il tancé. "Nous, on est des optimistes".

Accusé pêle-mêle d'"apporter sa caution" aux extrêmes en mêlant sa voix aux leurs, de défendre une posture personnelle ou de favoriser la sinistrose ambiante, Laurent Fabius s'est efforcé de justifier sa position en s'inscrivant dans la lignée des grands hommes qui ont dit "non". "Parfois, dans la vie, il arrive qu'on aille à contre-courant", a-t-il répliqué, se référant à François Mitterrand, au général de Gaulle et même à... Jacques Chirac sur la guerre en Irak. "Tout le monde était d'un autre avis et je pense que c'est quand même la France qui avait raison", a-t-il souligné.

"J'adore dire 'oui'", mais "quand je pense, sur un sujet majeur que je connais bien et pour lequel j'ai consacré l'essentiel de ma vie, que ce qu'on nous propose n'est pas bon, je le dis", a-t-il renchéri. Se prévalant de la dizaine de sondages consécutifs qui donnent le "non" en tête, il a souligné que lors de sa prise de position il était "ultraminoritaire". "Il semble que les choses soient en train peut-être d'évoluer". Alors que les camps du "oui" et du "non" sont à couteaux tirés au PS, il a également pris un malin plaisir à rappeler que le bureau national du parti avait adopté, dans la phase d'élaboration du Traité, un texte réclamant sept améliorations. "D'autres ont abandonné ces positions, mais moi je n'ai pas changé", a-t-il lancé.

L'ancien ministre des Finances a également eu du mal à convaincre sur le volet social. "Ce qui était au départ une harmonisation économique et sociale vers le haut devient un risque de concurrence vers le bas, d'où le phénomène des délocalisations", a-t-il exposé. Réponse de la salle: "La France doit faire des efforts ou en tout cas adopter son modèle, sinon on est morts".

Soucieux de ne pas franchir la ligne jaune fixée par la direction du PS en faisant tréteaux communs avec d'autres partisans du "non", Laurent Fabius avait choisi le cadre prestigieux de la banque privée "Fideuram Wargny" sur la luxueuse place Vendôme à Paris pour développer ses arguments en faveur du "non". Une pierre dans le jardin de ceux qui l'accusent de chercher à gauchir son image.

 

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