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Publié le par France Républicaine

Par Rebecca FRASQUET

PARIS, 1 fév 2005 (AFP) - La CGT, qui doit définir mercredi sa position vis-à-vis du projet de traité de Constitution européenne, aura bien du mal à résister à la pression d'une base majoritairement hostile au texte, qui milite pour un "non" clair, quand la direction confédérale est tentée par l'esquive.

Mercredi après-midi, le Comité confédéral national (CCN), le parlement de la CGT, où toutes ses fédérations professionnelles et unions départementales sont représentées, votera un rapport, présenté par sa secrétaire générale Francine Blanche, qui doit exprimer l'avis de la CGT sur le traité.

Intitulé "Projet de contribution CGT sur les enjeux européens, et particulièrement sur le projet de traité constitutionnel pour l'Europe", ce rapport, qui sera amendé par le CCN, synthétise des semaines de débat interne où s'est exprimée une forte opposition au traité.

"A ce jour, une majorité de militants qui ont participé aux débats organisés par la CGT, juge que ce traité reste très éloigné de ses aspirations", peut-on lire dans sa version provisoire, dont l'AFP a obtenu une copie.

Ainsi la fédération des cheminots - qui qualifie le traité de "machine de guerre contre une conception progressiste des services publics" -, celles de l'agro-alimentaire, de la recherche et de l'enseignement, ou encore l'union départementale de Paris, ont-elles déjà voté pour un "non" en interne.

Celle des cadres (Ugict) juge l'expression de la CGT "nécessaire" : celle-ci "doit être claire quant aux enjeux" d'un traité qu'elle même ne juge "pas acceptable par la CGT tant la politique néolibérale (y) prévaut".

Devant cette levée de boucliers, le rapport se contente donc de saluer le progrès marqué par l'inclusion, dans le projet de traité, de la Charte des droits fondamentaux, tout en déplorant que le texte global "s'inscrive" dans la "confirmation des choix libéraux des traités antérieurs" et dans "l'orientation" d'un Pacte de stabilité "qui bride la croissance et l'emploi".

"Quel rapport au politique ?"

Car la direction confédérale, qui depuis l'automne privilégie l'information des militants, à l'intention desquels elle a édité une série de "fiches pédagogiques", aurait souhaité ne pas avoir à trancher dans un débat épineux.

"Quel est le rôle de la CGT dans sa contribution au débat public ? Quel est notre rapport au politique ? à la démocratie syndicale ? à l'ensemble des syndicats d'Europe ? Ce sont toutes les questions qui se posent", résume Francine Blanche à l'AFP.

La CGT, qui a intégré la Confédération européenne des syndicats (CES) en 1999, rompant avec des décennies d'hostilité à la construction européenne dictée par le Parti communiste, tient à ne pas être à nouveau instrumentalisée par le politique.

Si son secrétaire général Bernard Thibault affirme, dans son livre "Ma voix ouvrière", paru en janvier, que le temps où la CGT était la "courroie" de transmission du PCF est définitivement révolu, l'influence des sympathisants communistes en son sein est encore significative.

Très sollicitée, depuis l'automne, tant par le PCF que par le Parti socialiste, qui souhaitaient la rallier, l'un à son opposition, l'autre à son soutien au traité, la CGT aimerait éviter de prendre position.

Lors du vote du comité directeur de la CES fin octobre, qui s'est prononcé "pour", la CGT s'est abstenue, comme la CFTC, tandis que FO votait contre.

Et quand Joël Decaillon, secrétaire de la CES et ancien responsable des questions internationales, a affirmé, fin novembre dans la presse, que le traité pose un "socle pour les luttes à venir", ses déclarations ont provoqué de forts remous en interne.

 

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