Pays-Bas

Publié le par France Républicaine

Par Frédéric BICHON

LA HAYE, 27 mai 2005 (AFP) - Trois jours après les Français, les Néerlandais devraient dire "non" mercredi à la Constitution européenne lors de leur premier référendum national, autant par crainte d'une Europe élargie qui menacerait leurs valeurs qu'en signe de protestation contre la classe politique.

Les deux enquêtes les plus récentes, il y a une semaine, donnaient le "non" gagnant à environ 60%. Ce référendum n'est que consultatif, le parlement ayant le dernier mot mais les grands partis se sont engagés à en tenir compte si la participation dépassait 30%, ce qui, selon les sondages, sera le cas.

Après des mois d'indifférence, tant dans les médias qu'au parlement, les sondages indiquant obstinément une victoire du "non" ont jeté dans l'arène depuis trois semaine les leaders politiques qui, à une écrasante majorité, militent pour le "oui".

Les seuls défenseurs du "non" sont les petits partis protestants orthodoxes, la Liste Pim Fortuyn, du nom du leader populiste assassiné en 2002, le solitaire député d'extrême-droite Gert Wilders et les militants du petit et très à gauche Parti socialiste (SP).

Evoquant l'Holocauste et la Seconde Guerre mondiale, le Premier ministre chrétien-démocrate Jan Peter Balkenende a comparé la Constitution à un pas supplémentaire vers la paix; son ministre de la Justice Piet Hein Donner a évoqué une balkanisation en cas de rejet du texte, tandis que le ministre des Affaires étrangères Ben Bot assurait que le "non" nuirait à l'économie.

Las! L'une des principales raisons du "non" est précisément le refus de la classe politique. La popularité du gouvernement Balkenende a sombré à un record historique, avec 19% de satisfaits.

"Il y a une perte de confiance", analyse Sophie Vanhoonacker, une Belge qui dirige le département des Etudes européennes de l'université de Maastricht (sud-est). "Les hommes politiques disent que (le traité constitutionnel) est une bonne chose mais les gens n'y croient pas", ajoute-t-elle, rappelant que, les élus néerlandais n'ayant pas de circonscription, ils sont plus éloignés de leurs concitoyens.

"Les deux tiers du parlement ont été renouvelés en janvier 2003, le personnel politique est donc peu expérimenté", ajoute Toof Brader, rédacteur en chef politique du service public de radio-télévision NOS.

"La majorité des Néerlandais pensent que l'UE est allée trop vite sur l'euro, les nouveaux membres, la Turquie...", explique pour sa part Maurice de Hond, patron du plus connu des instituts de sondage du pays.

Le mécontentement a crû après l'aveu de la Banque centrale que l'ancienne monnaie nationale, le florin, avait été sous-évaluée par rapport au deutsche mark au moment de la conversion. D'ailleurs, 55,8% des opposants à la Constitution invoquent l'euro comme une raison de leur choix. Ils en ont également assez d'être les plus gros contributeurs par tête d'habitant au budget communautaire.

De manière générale, "les Pays-Bas deviennent de plus en plus provinciaux. On ne parle que de préserver l'identité néerlandaise sans se rendre compte que cette identité était justement caractérisée par une ouverture vers l'extérieur", explique Femke Halsema, chef de file des écologistes et pro-constitution .

Les Néerlandais craignent que le texte touche à leur souveraineté et à "leurs sujets sacrés" comme les nomme M. Donner, tels le mariage ouvert aux homosexuels ou l'euthanasie légalisée sous condition.

"Même les électeurs les plus conservateurs redoutent que Bruxelles s'en prennent aux coffee-shops (débit légal de drogues douces, ndlr), où ils ne mettront jamais les pieds", insiste Toof Brader.

 

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