UMP - DLR - Dupont-Aignan

Publié le par France Républicaine

entretien Nicolas Dupont-Aignan, Le Monde, 15/04/2005

 

Le NON vient des profondeurs d'un peuple qui veut rester maître de son destin

 

Pensez-vous que Jacques Chirac doit démissionner en cas de victoire du NON ?

La décision n'appartient qu'à lui. Mais plus il fera campagne pour le oui, en refusant de surcroît de débattre avec un avocat du non, plus sa position sera "originale" au lendemain du scrutin.

 

Croyez-vous que le NON donné aujourd'hui vainqueur par les sondages se maintiendra ?

Je le crois, car nos compatriotes ne sont plus dupes des fausses promesses. L'arrogance moralisatrice des élites ne passe plus. Les Français ont compris que la dégradation de leur vie quotidienne s'expliquait en partie par les mauvais choix européens des dernières années : Maastricht, élargissement sans fin, dérégulation.

 

Avec quels arguments cherchez-vous à convaincre les indécis ?

En s'appuyant tout simplement sur la Constitution. En la faisant lire, car, loin de corriger les défauts de l'actuelle construction européenne, ce texte va les aggraver, voire les rendre irréversibles. Sacralisation de l'irresponsabilité de la Banque centrale européenne, mise sous la tutelle de l'OTAN de la future politique étrangère et de défense, création d'un Etat supranational aux compétences faussement contenues, ouverture de la porte à la Turquie en faisant sauter le verrou du traité de Nice qui nommait les 27 Etats membres, avouez que cela fait beaucoup !

 

Que répondez-vous à ceux qui assimilent tous les non à celui de l'extrême droite ?

C'est le dernier argument de ceux qui n'en ont plus ! Les dirigeants de gauche ou de droite qui cèdent à cette tentation de l'excommunication feraient mieux d'analyser leur part de responsabilité dans l'impuissance publique qui nourrit la colère du peuple.

 

Ne craignez-vous pas que votre NON soit occulté par celui de la gauche ?

Quand comprendra-t-on que ce qui est en cause n'est ni de gauche ni de droite, mais l'avenir de l'Europe et de la France. Sur ce sujet, chacun doit pouvoir se déterminer en conscience. Le NON vient des profondeurs d'un peuple qui, au-delà des appareils politiques, veut rester maître de son destin.

 

La France ne sera-t-elle pas fragilisée sur la scène européenne si elle vote NON ?

Peut-être celle du petit club autosatisfait de Bruxelles, mais pas celle des peuples qui, confrontés pas seulement en France à la jungle de la mondialisation, aspirent à une Europe qui se donne les moyens de la maîtriser ? Tout au long de son histoire, la France a porté l'espoir des hommes, et c'est aujourd'hui son honneur de provoquer une réorientation en profondeur de la construction européenne. Le NON est une chance pour revoir la directive Bolkestein, changer le statut de la Banque centrale européenne, délimiter les frontières. On est toujours plus fort pour renégocier avant de signer un texte, plutôt qu'après.

 

Propos recueillis par Christiane Chombeau

 

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