MRC - Chevènement
communiqué de Jean-Pierre Chevènement, 02/05/2005
Au grand concours des responsables de la culture européenne venus à Paris sautocongratuler en faveur du « oui », je ne pose quune question : Etes-vous conscients que la Constitution européenne marque labandon de « lexception culturelle » ? Celle-ci figurait encore dans le traité de Nice. Désormais il faudra que le Conseil des ministres statuant à la majorité qualifiée fasse la preuve, contre un texte de la Commission qui a le monopole de linitiative, quil y a « risque datteinte au principe de la diversité culturelle » (article III-315, paragraphe IV).
Cette majorité qualifiée sera difficile à réunir : il y a dix-huit pays dans lUnion de dix millions ou moins dhabitants qui nont pas dindustrie cinématographique. Les lobbies hollywoodiens nauront aucune peine à réunir une minorité de blocage. M. Pascal Lamy, alors Commissaire au Commerce extérieur, la reconnu dans une interview à lExpress du 18 octobre 2004 :
« Lisez bien le projet de traité et vous verrez que « lexception culturelle » est soumise à la majorité et que lunanimité ne prévaut quen cas de menace datteinte à la diversité culturelle ». Autrement dit, il y a renversement de la charge de la preuve. Entre lunanimité, qui nous permet de tout bloquer à tout moment, et la majorité, sauf dans le cas où lon peut démontrer lexistence dune menace à la diversité culturelle quil faut effectivement préserver, la différence est grande. Ne faisons pas comme sil ny avait pas de changement entre le traité de Rome, celui de Nice et le projet qui est sur la table.
Vous vous pavanez sous les sunlights pendant que dans lombre la « Constitution » étrangle le cinéma européen et français.